Sunday, July 26, 2020

Višegrad-Mostar-Radimlja






Sarajevo, nous avons pris la route  pour Mostar, puis pour Radimlja, avant de passer la frontière et aller sur la côte en Croatie.
Avant de décrire ces deux lieux, nous allons revenir sur Višegrad que nous avons vu brièvement après notre entrée en Bosnie.
Višegrad
Višegrad est connu surtout par son pont sur la Drina. Construit à la fin du XVIe siècle sur la rivière Drina, à l’est de la Bosnie-Herzégovine, le pont a été construit par Mimar Koca Sinan, l’architecte de la cour, sur ordre du grand vizir Mehmed Pacha Sokolović. Il est caractéristique de l’apogée de l’architecture monumentale et du génie civil ottomans. Long de 179,5 m, il possède 11 arches maçonnées dont les ouvertures sont comprises entre 11 et 15 m, ainsi qu’une rampe d’accès à l’orthogonale de quatre arches sur la rive gauche de la rivière.

C’est l’écrivain Ivo Andric, qui l’a rendu célèbre par son roman « Le pont sur la Drina », prix Nobel de littérature en 1961. A Višegrad, c'est sur le pont reliant les deux rives de la Drina - mais aussi la Serbie et la Bosnie, l'Orient et l'Occident - se concentrait depuis le XVIe siècle la vie des habitants, chrétiens, juifs, musulmans de Turquie ou " islamisés ". C'est là que l'on palabrait, s'affrontait, jouait aux cartes, écoutait les proclamations des maîtres successifs du pays, Ottomans puis Austro-Hongrois.
C'est la chronique de quatre siècles qu’Ivo Andric rapporte, mêlant la légende à l'histoire, la drôlerie à l'horreur, faisant revivre mille et un personnages : de Radisav le Serbe empalé par le gouverneur turc, à Fata qui se jette du pont pour éviter un mariage forcé, et au vieil Ali Hodja, le Turc traditionaliste, qui voit avec consternation surgir les troupes de l'empereur François-Joseph. (voir https://www.babelio.com/livres/Andric-Le-Pont-sur-la-Drina/5630)
Au début de la guerre en Yougoslavie, Višegrad a connu en 1992 les atrocités du nettoyage ethnique. Selon les documents du  Tribunal pénal international pour l’Ex-Yougoslavie (TPIY), 3000 Bosniaques furent tués à Višegrad et ses environs au cours de ces évènements, dont 600 femmes et 119 enfants. Selon le TPIY, Višegrad a été l'objet de l'« une des campagnes les plus complètes et impitoyables de nettoyage ethnique au cours du conflit bosniaque ».
Lire à ce sujet l’article de Libération du 26 août 1996 :
et pour ceux qui peuvent lire en allemand, deux articles écrits et parus en 2017 :

Mostar
Avec la conquête ottomane en 1470, Mostar devient un centre administratif. Ce n'est qu'en 1474 que le nom de Mostar apparaît pour la première fois dans un document en référence aux gardiens du pont, les mostari. Ce pont antique, qui se trouvait sur la route commerciale entre l’Adriatique et les riches régions minières du centre de la Bosnie, permet à la bourgade de s'étendre sur la rive droite de la Neretva. 
À partir du XVe siècle, Mostar se développe lors des quatre siècles suivants, les archives mentionnent une place forte à l'endroit où l'on passait d'un bord à l'autre de la Neretva par un pont suspendu.. Dès 1475, un premier quartier musulman avec mosquées et bains, s'établit au bord de la rivière, au nord du lieu de passage. Le noyau du bourg musulman se forme de part et d'autre du pont de pierre construit en 1566 sous le gouvernement de Mehmed-bey Karađoz.
En 1878, Mostar, ainsi que le reste de la Bosnie-Herzégovine, passe sous administration austro-hongroise en Bosnie-Herzégovine et connaît un nouvel essor économique et urbain.
Après 1918, la ville fait partie du nouveau Royaume des Serbes, des Croates et des Slovènes, la future Yougoslavie.
Mostar a considérablement souffert de la guerre de Bosnie-Herzégovine (1992-1995). Trois camps s'y sont affrontés : tandis que les Serbes tenaient les hauteurs, les Croates avaient parqué les Bosniaques (Slaves musulmans) dans le ghetto de la vieille ville, sur la rive est de la Neretva. Le 9 novembre 1993, un obus croate abat le Stari Most, le « vieux pont » ottoman, symbole de la ville.
Le pont a été reconstruit, mais la ville reste divisée en deux avec sur la rive gauche le quartier musulman et sur la rive droite le quartier chrétien.
Voici un article du novembre 2017 sur la situation actuelle de Mostar :

Radimlja

Enfin pour terminer la présentation de ces photos du dimanche, nous verrons les tombes médiévales de Radimlja, situé à l’extrémité sud-est de la Bosnie.
Je me permets de reproduire ce qu’en écrit un guide touristique :
« Ce site constitue l'une des plus importantes nécropoles bogomiles des Balkans (voir l'encadré sur les bogomiles dans la partie " Histoire " du chapitre " Découverte "), en tout cas la plus riche du genre en matière archéologique. Il s'agit d'un cimetière du Moyen Age regroupant 133 stećci (monuments funéraires, stećak au singulier), dont 3 croix, 37 stèles, 33 sarcophages à deux pans inclinés et 60 sarcophages classiques. Le choix de cet emplacement ne doit sans doute rien au hasard, puisqu'un tumulus illyrien servant de cimetière, situé en contre-bas de la cité de Daorson, a été découvert à proximité de la nécropole de Radimlja. Pour certains historiens, cette proximité entre les deux sites tendrait à prouver une certaine continuité en matière de rites funéraires entre l'Antiquité et le Moyen Age dans la région. Pendant la domination austro-hongroise fut construite la route reliant Stolac à Čapljina, coupant à travers la nécropole de Radimlja, laissant 11 tombes au nord et 122 au sud. On pense qu'une vingtaine d'autres sépultures aurait ainsi disparu pendant la construction de la route. Plusieurs stećci sont ornés de divers motifs sculptés en bas-reliefs. Les motifs représentent surtout des grappes de raisin avec trèfles à trois feuilles, des boucliers, épées, arcs et flèches, lances et autres armes. Egalement des représentations humaines et animales. Très intéressant aussi : des inscriptions en bosančica, alphabet cyrillique particulier usité jusqu'à la fin du XIXsiècle, figurent sur cinq des monuments. »

François



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